Fanatiques, encore un effort pour être radicaux

Dans la dernière livraison de la revue Esprit[i], un article de Guilhem Antier conteste l’usage de la notion de radicalité. La radicalité, c’est aller à la racine, donc au cœur du texte. Les « individus et les groupes qui incarnent aujourd’hui une forme de fanatisme religieux » ne « pèchent pas par un excès de radicalité, mais au contraire, par un défaut de radicalité ».  Il suffit pour s’en convaincre de constater l’amateurisme théologique et « l’ignorance crasse » dont font preuve les islamistes.


Le fanatique ne lit pas le texte, car on le lit à sa place. Il se contente de quelques brides sans jamais contextualiser. C’est d’ailleurs un des traits caractéristiques des intégristes de tout poil, qu’ils soient religieux ou politiques. « Si l’on rapproche souvent les mots de texte et textile, c’est bien pour signifier que la textualité du texte lui vient des mailles à l’envers et des mailles à l’endroit qui le composent ». Autrement dit, tout texte, qu’il soit religieux ou d’une autre nature, « peut engendrer des lectures extrêmement différentes ». Chaque dogme, chaque religion doit être interrogé de manière « réflexive, interrogative et critique ».

Une réflexion qui au départ d’une analyse du fanatisme religieux doit nous renforcer dans l’idée de la nécessité d’une attitude critique par rapport aux discours totalisants qui s’appuient sur des textes sans tenir compte du contexte où ils ont été produits. C’est encore plus vrai pour les citations, souvent très courtes, qui foisonnent sur les réseaux sociaux.

Claude ROLIN 7/12/2020

[i] Esprit n° 470 – Décembre 2020 – Guilhem Antier