Pour Google, nous sommes des pigeons bons à plumer

Le quotidien « Le Soir » de ce jour nous informe que le stockage de photos dans Google va devenir payant au-delà de 15 GB. Cela peut paraître normal si l’on considère qu’un service doit pouvoir être rémunéré. Mais c’est oublier que Google se finance grassement en nous volant nos informations sur nos comportements, notre identité, nos sensibilités. ll les vent bien chers sans s’occuper de notre volonté de voir nos informations communiquées sur le marché numérique. Mais Google ne se satisfait pas de nous voler, en plus il va nous demander de payer. Pour avoir une idée des pratiques de Google qui est un des vaisseaux amiraux du capitalisme de surveillance, je vous invite à lire le dernier livre de S. ZUBOFF « L’âge du capitalisme de surveillance ». Plus d’infos sur www.clauderolin.eu (La photo est tirée du Soir mais le titre a été ajouté)

Comprendre le capitalisme de surveillance

Si nous avons entendu parler du nouveau secrétaire d’État à la digitalisation, c’est probablement parce que sa nomination était le fruit d’une stratégie chaotique conduite par son président de parti. Comme tout « fils de » et aussi « frère de » il va maintenant devoir se faire un nom. D’aucuns peuvent penser que c’est un strapontin qui lui a été offert, une compétence légère visant à assurer les équilibres politiques au sein du gouvernement et du Mouvement réformateur. Pourtant, cette compétence est des plus importantes pour le futur de notre démocratie.

Nos ministres de la Santé ayant permis, malgré la pandémie,  à Saint-Nicolas de vaquer à ses occupations, il est à espérer qu’il n’oubliera pas les petits souliers de notre secrétaire d’État et qu’il déposera, sous la cheminée le dernier livre de Shoshana ZUBOFF « L’âge du capitalisme de surveillance ».

Certes, ce livre est une brique de 700 pages, mais cet ouvrage, très argumenté se lit facilement, un peu à la manière d’un thriller. Professeur à la Harvard Business School, l’auteure est une spécialiste reconnue des questions liées au numérique. Elle démontre comment le capitalisme de surveillance est en train de supplanter les autres formes de capitalismes. Ce capitalisme « revendique l’expérience humaine privée comme matière première » et il « s’en sert dans des opérations secrètes d’extraction, de production et de vente ». Ce capitalisme, dont les Gaffa sont les vaisseaux amiraux est occupé à prendre le contrôle, non pas seulement de nos données, de nos comportements, mais plus grave encore a comme projet de les influencer et de les contrôler. Avec cette nouvelle forme de capitalisme, c’est une tyrannie qui se met en place. Le capitalisme industriel a mis en péril la nature, mais ce nouveau capitalisme annonce une nouvelle extinction, « elle ne concernera pas la nature, mais ce qui était jugé de plus précieux dans la nature humaine – la volonté de vouloir, le caractère sacré de l’individu, les liens intimes, la sociabilité qui nous lie les uns aux autres,  …. ».

Non contente de nous alerter sur ces phénomènes, l’auteure nous donne quelques pistes pour résister, le droit à l’oubli et surtout la loi qui doit encadrer les activités de ces entreprises. Le règlement européen sur la protection des données (RGPD) est un pas dans le bon sens, mais j’ai la conviction que nous devons aller plus loin. Protéger la vie privée, mais également doter l’Union européenne d’outils propres, contrôlés démocratiquement avec des règles éthiques. À quand un Facebook, un Google européen ? C’est une question de démocratie.

Un livre indispensable qui doit être lu par tout politique, tout acteur de la société, tout enseignant et plus globalement, par toutes celles et ceux qui utilisent leur PC ou leur GSM.

Shoshana ZUBOFF, « L’âge du capitalisme de surveillance » Editions Zulma, 2020

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